Exposition Le choix de la peinture une autre histoire de l’abstraction – Musée de Tessé Le Mans

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MUSÉE DE TESSÉ – LE MANS
DU 10 FÉVRIER AU 9 JUIN 2024

LE CHOIX DE LA PEINTURE UNE AUTRE HISTOIRE DE L’ABSTRACTION, 1962-1989

Comment continuer à peindre, alors que la peinture de chevalet est déclarée morte et que la mode est, à partir des années1960, au Pop Art, au non-art, à l’art conceptuel et au minimalisme ? Telle est la question que pose l’exposition Le Choix de la peinture, une autre histoire de l’abstraction, 1962-1989, présentée au musée de Tessé, musée des Beaux-Arts du Mans, du 10 février au 9 juin 2024.

Faisant suite aux expositions Montparnasse/Saint-Germain-des-Prés (2013), Cobra, la couleur spontanée (2017) et Au cœur des abstractions, Marie Raymond et ses amis (2021), cette nouvelle présentation est conçue comme un panorama de trois décennies de peinture abstraite en France allant du début des années 1960 aux années 1980. Elle réunit quarante six artistes dont la démarche picturale fut fondée sur une autre conception du geste, de la notion de « tableau », et sur une couleur devenue fin en soi. Ces innovations font suite au triomphe de l’abstraction lyrique et gestuelle qui a caractérisé les années d’après-guerre.

Les années 1960 correspondent à un moment de profond renouveau de la peinture abstraite alors que, paradoxalement, celleci est décrite dans la presse comme étant en crise. C’est durant cette décennie que des artistes tels qu’Olivier Debré, Hans Hartung, Shirley Jaffe, Joan Mitchell, Pierre Soulages, simplifient leur pratique en inventant de nouveaux outils et en donnant à la couleur une nouvelle amplitude sur la toile. Au même moment, Martin Barré, Jean Degottex et Simon Hantaï mettent en place de nouveaux protocoles qui relèvent d’une préoccupation analytique de la peinture. Ces démarches inédites ont ouvert la voie à une nouvelle conception de l’abstraction qui n’est plus le lieu du lyrisme et de l’expressionnisme, mais une interrogation sur la couleur et la peinture elle-même. Jean Messagier le résumait en déclarant : « Ce n’est pas le tableau qui compte, c’est la peinture. »

À la fin des années 1960, une nouvelle génération d’artistes incarnée notamment par les peintres proches du groupe Supports/Surfaces prolonge cette réflexion. En 1969, dans un texte collectif, ils déclarent : « L’objet de la peinture, c’est la peinture elle-même. »

Nourris de la découverte de l’art abstrait américain et de l’apport du dripping de Jackson Pollock, ils aspirent à une forme d’anonymat du geste pictural, qui remet en question les éléments constitutifs du tableau : toile, châssis, surface peinture. Claude Viallat répartit ainsi la couleur sur de simples draps à l’aide d’une forme quelconque qu’il n’a pas dessinée lui-même. Pierre Buraglio reconstitue la toile par agrafage de déchets de peinture qui proviennent de ses anciennes œuvres découpées en triangle. Jean-Michel Meurice réduit la couleur à sa plus simple expression en traçant des bandes de couleurs superposées. Vincent Bioulès explore la matérialité de la couleur grâce à l’agencement de surfaces peintes travaillées différemment.

L’utilisation de toiles libres est souvent exemplaire de leur démarche. L’ambition de déconstruction du tableau traditionnel, qui n’en est pas moins une célébration de la peinture, est emblématique de la remise en cause de l’art qui définit la scène artistique autour de mai 1968.

Au cours des années 1970, certains artistes restent cependant attachés à l’usage du châssis et, au tournant des années 1980, le tableau s‘impose à nouveau comme le lieu privilégié de la peinture où s’exécutent de nouvelles stratégies d’organisation de l’espace et de la couleur. Michel Duport compose sa peinture à l’aide de plusieurs toiles assemblées comme une forme découpée déployée dans l’espace. Monique Frydman et Christian Sorg, s’affranchissant des aplats monochromes du formalisme, tracent sur des toiles de grand format d’amples signes nés de la couleur. Christian Bonnefoi, quant à lui, déconstruit le geste pictural en peignant à rebours et en révélant sur la toile, tel un collage, les différentes étapes de sa réalisation. Le geste ainsi déployé est neutralisé et mis à distance dans son accomplissement même.

À la lumière de ce panorama, l’exposition porte un regard inédit sur trois décennies de peinture abstraite pendant lesquelles les générations de peintres se sont souvent opposées les unes aux autres, mais dont les correspondances et les influences sont aujourd’hui à reconsidérer.

46 artistes représentés dans l’exposition :

Martin Barré, Vincent Bioulès, Roger Bissière, Pierrette Bloch, Christian Bonnefoi, Bernadette Bour, Camille Bryen, Pierre Buraglio, Béatrice Casadesus, Chu Teh-Chun, Olivier Debré, Jean Degottex, Jean Dubuffet, Pierre Dunoyer, Michel Duport, Maurice Estève, Sam Francis, Bernard Frize, Monique Frydman, Simon Hantaï, Hans Hartung, Christian Jaccard, Shirley Jaffe, Paul Kallos, Marcelle Loubchansky, Robert Malaval, Alfred Manessier, André Marfaing, Jean Messagier, Jean-Michel Meurice, Joan Mitchell, Jean-Pierre Péricaud, Bernard Piffaretti, Jean Pierre Pincemin, Serge Poliakoff, Judith Reigl, Jean-Paul Riopelle, François Rouan, Gérard Schneider, Pierre Soulages, Christian Sorg, Anna Staritsky, Bram Van Velde, Claude Viallat, Zao Wou-Ki.

Commissariat

  • Commissariat général : Françoise Froger-Jolivet, conservatrice, musées du Mans
  • Commissariat scientifique : Victor Vanoosten, docteur en histoire de l’art.

Catalogue de l’exposition

L’exposition s’accompagne de la publication d’un catalogue de 212 pages réunissant l’ensemble des œuvres de l’exposition. Réalisé sous la direction scientifique de Victor Vanoosten, l’ouvrage est structuré par six entretiens réalisés avec Christine Manessier, Jean-Baptiste Manessier et Alexis Poliakoff, ainsi qu’avec Philippe Piguet, Claude Viallat, Michel Duport, Monique Frydman et Christian Bonnefoi. Un important ensemble de documents et d’archives lié au contexte de création et de réception des œuvres complète la présentation de ce moment spécifique de l’histoire de l’art du XXe siècle.

Informations pratiques

Musée de Tessé

  • 2, avenue Paderborn – 72000 Le Mans
  • Du mardi au dimanche, de 10h à 12h30 et de 14h à 18h
  • Entrée gratuite pour l’ensemble du musée
  • Site internet : lemans.fr
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